En 2023, le Cameroun à travers le Ministère des Forêts et de la Faune (MINFOF), a adopté le concept d’AMCEZ (d’Autres Mesures de Conservation Efficace par Zone). L’AMCEZ fait référence à une zone géographiquement délimitée, autre qu’une aire protégée, qui est réglementée et gérée de manière à obtenir des résultats positifs et durables à long terme pour la conservation de la biodiversité dans leurs habitats naturels.
L’AMCEZ comprend les fonctions et services écosystémiques associés et, le cas échéant, les valeurs culturelles, spirituelles, socio-économiques et autres pertinentes au niveau local.
L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) ont défini le terme AMCEZ lors d’une réunion de la CDB à Bonn en 2011. Ces zones comprennent des surfaces qui ne sont pas des aires protégées au sens de l’UICN (zones entièrement dédiées à la conservation de la nature), mais qui contribuent à la conservation des habitats et des espèces.
Les AMCEZs sont un élément clé de la stratégie internationale de conservation de la biodiversité, dont l’objectif ultime est de contribuer à la protection d’au moins 30 % des terres et 30 % des eaux à la surface de la Terre d’ici à 2030.
Les lois camerounaises sur les forêts, la faune et la pêche ont fixé comme objectif de consacrer 30 % de la superficie totale du pays à la protection et à la conservation de sa diversité biologique. Aujourd’hui, ce pourcentage est presque atteint, avec près de 20 % de la superficie du Cameroun sous protection. Cependant, de nombreuses valeurs écologiques, bien qu’en situation critique, ne sont toujours pas protégées et ne peuvent l’être totalement avec les 10 % restants. La biodiversité marine, par exemple, ne peut être entièrement protégée avec les 10 % restants.
“Nous devons maintenant passer à d’autres mesures de conservation par zone afin d’encourager les communautés locales et les autres parties prenantes à conserver la biodiversité”, déclare Gordon Ajonina, coordinateur de la CWCS.
En mars 2023, le MINFOF, avec l’appui de la CWCS, a organisé un atelier pour définir les lignes directrices à prendre en compte dans l’élaboration des plans de gestion des aires marines protégées et de l’AMCEZ. Le Cameroun a ainsi décidé de s’orienter vers d’autres solutions pouvant l’aider à protéger et à gérer durablement son potentiel écologique au-delà de l’objectif de 30%.
Grâce à l’AMCEZ, une nouvelle façon de penser et de mettre en œuvre les objectifs de conservation est en train d’émerger au Cameroun. Par leur vision fondamentalement participative, elles peuvent apaiser les frustrations qui ont parfois accompagné la mise en place des mesures traditionnelles de conservation de la biodiversité au Cameroun.
Le MINFOF travaille toujours sur le cadre réglementaire de l’AMCEZ. CWCS et ses partenaires soutiennent des campagnes de sensibilisation auprès des populations locales, qui ont toujours été favorables à des mesures flexibles pouvant garantir la conservation de la biodiversité, le bien-être humain et le développement économique.